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bourgogne
La force des sols est omniprésente, et on ne doit s'intéresser qu'aux vignerons dignes de ce nom, ceux qui pratiquent l'amour du terroir associé à une convivialité exemplaire, et c'est ce qui compte ici, tant cela peut manquer dans d'autres régions. Car ici, le vin est avant tout un art de vivre. On partage un moment (et on boit un “canon” en même temps) avec ces vignerons talentueux et passionnés, souvent très discrets, mais avec lesquels on partage, quand on les connaît, une convivialité rare.
Ici, il y a donc les incontournables qui élèvent quelques-uns des plus grands vins rouges du monde, ou blancs bien sûr, tant cette catégorie ne supporte pas de comparaison; d'autres avec des vins vraiment exceptionnels pour leur rapport qualité-prix-typicité, et enfin un véritable vivier de crus que l'on retrouve notamment dans la catégorie des Deuxièmes Grands vins Classés, dans l'ensemble des appellations.
Bien sûr, il s'agit de savoir faire le bon choix, tant la complexité des classements en crus, clos, climats, et le fait qu'un vigneron puisse posséder une multitude de crus dans un périmètre très restreint (quelques ares…) ne peuvent que multiplier les différences. La Bourgogne est un paradoxe à l'état pur, où la nature, au travers des terroirs et des microclimats, est omniprésente. Comment expliquer que l'on puisse trouver autant de différence entre un Nuits-Saint-Georges ou un Pommard, un Meursault ou un Montrachet, quand on sait que le cépage (Pinot Noir ou Chardonnay) est unique, et que l'on ne peut pas “jouer” sur la proportion des raisins ? Quand on se promène entre les murets qui entourent les vignes des Grands crus, on voit qu'à quelques mètres de distance le sol ne produit pas les mêmes crus. L'altitude des vignes, selon qu'elles se situent à 150 ou 300 m, l'inclinaison des pentes (les meilleurs vins proviennent des mi-pentes), la richesse des sous-sols en ressources minérales, en sodium, en oligoéléments… Tout concourt ici, dans un “mouchoir de poche”, à faire la différence entre un bon vin et un vin sublime. Ajoutez à cela l'exposition (fondamentale) face aux mouvements du soleil, un territoire pauvre où la terre est rare, et vous comprendrez l'extrême diversité des grands vins bourguignons. Globalement, les Grands crus sont régulièrement “supérieurs” aux Premiers crus, l'exception et le talent de l'homme confirmant la règle.
Bien entendu, ici comme ailleurs, quelques producteurs élèvent des vins trop “travaillés” (et bien chers) où le fût neuf est employé à l'extrême, ce qui n'est pas pour arranger le Pinot Noir notamment, qui demande de la finesse. Il en va de même pour certains blancs, où la barrique (et tout le baratin que l'on va vous raconter) ne remplace pas le terroir...
Mes classements vous permettent de faire le point, en tenant compte qu'il existe une véritable hiérarchie interne à chaque catégorie et qu'il ne faut pas comparer, bien sûr, un classement d'une appellation à celui d'une autre appellation.
L'histoire des vins de Bourgogne
Ce pays doit son nom actuel aux Burgondes, peuple germanique qui envahit la Gaule en 406 et y fonda sous la conduite de Gibdecaire (411) le premier royaume de Bourgogne. Clovis, le célèbre roi des Francs, épousa une princesse burgonde, et leurs fils réunirent la Bourgogne à l'empire des Francs. Charlemagne l'érigea en duché et, de 884 à 1002, le duché de Bourgogne appartint à des princes dont Richard d'Autun dit “Le Justicier”. Il fut ensuite réuni à la couronne de 1002 à 1032. Commença alors l'ère d'une nouvelle maison des ducs de Bourgogne qui fut la première “maison capétienne”. Philippe le Hardi devint le chef de la “maison de Valois”, deuxième maison capétienne. Ce duc de Bourgogne s'intéressa particulièrement à la viticulture. Il interdit la culture du Gamay et exigea de servir du vin de Beaune aux repas officiels.
La réputation des vins de Bourgogne remonte au Moyen Âge. Ce sont des moines qui, les premiers, cultivèrent la vigne. En 587, le roi Gontran donna des terres avec des vignes aux moines de l'abbaye de Saint-Bénigne. En 630, le duc Amalgaire de basse Bourgogne fonde l'abbaye de Bèze lui donnant la possibilité d'exploiter des vignobles à Chenôve, Marsannay, Conchey, Gevrey, Vosne et Beaune.
En 910, des bénédictins formaient l'abbaye de Cluny. Celle-ci acquit de nombreux terrains dans la Côte De Nuits et posséda tous les vignobles autour de Gevrey. Le vin étant un signe d'opulence, certains moines oublièrent la règle monastique et vécurent trop bien. C'est alors que l'ascète Bernard de Clairvaux dénonça cette vie de luxe, puis se rendit à l'abbaye bénédictine de Cîteaux, située en face de Vougeot. Ces moines, séduits par la ferveur au travail de Bernard de Clairvaux, prirent pour devise : “Par la croix et l'araire” et devinrent les cisterciens. Ils défrichèrent des bois, exploitèrent d'innombrables landes, plantant des vignes. On leur doit la création du vignoble de clos-Vougeot aujourd'hui propriété des Chevaliers du Tastevin. On peut voir encore au château d'immenses pressoirs taillés à même les grands chênes datant de l'an 1000. Les moines avaient remarqué les différences existant entre les vins issus du bas ou du haut du coteau. Aussi, respectaient-ils la hiérarchie de l'époque en établissant trois cuvées : celle des papes, la meilleure, provenant de la partie supérieure du clos, celle des rois, du milieu, celle des moines, du bas. C'est en 1147, au monastère de Pontigny, que fut créé le Chablis. Également par des moines cisterciens qui furent les premiers à planter le Chardonnay blanc. La réputation du clos-Vougeot était si forte que pendant la Révolution un certain colonel Bisson instaura une tradition selon laquelle les troupes françaises qui passaient devant clos-Vougeot devaient présenter les armes. Les vins de Bourgogne plurent aux rois de France mais, à la fin du xviiie siècle, la République instaurée fit passer tous les vignobles appartenant à l'Église dans le domaine public, et le morcellement des terres bourguignonnes commença. Bossuet, Bourguignon de naissance, disait : “Le vin a le pouvoir d'emplir l'âme de toute vérité, de tout savoir et philosophie.”
Le vignoble bourguignon
La Bourgogne s'étend sur 24 000 ha de vignes en production, soit environ 200 millions de bouteilles (63 % de vins blancs et 37 % de vins rouges), avec 100 AOC et 3 niveaux d'appellations : Grands crus, Communales et Premiers crus, et Régionales.
Les terroirs de Bourgogne
Le vignoble s'étale sur les reliefs de la bordure ouest du fossé tectonique de la Bresse, occupant les premières pentes bien exposées à l'est, à une altitude modérée de 200 à 400 m sur les terrains sédimentaires de la couverture mésozoïque souvent faillés et basculés comme le Mâconnais, le Chalonnais et la Côte jusqu'à Dijon, la Côte représentant le sommet de la hiérarchie des Grands crus.
L'architecture et la morphologie de la Côte sont bien spécifiques pour deux raisons principales : la structure, jusqu'ici monoclinale, devient tabulaire, et la limite Jurassique-Tertiaire bressan est toujours un contact de faille à fort rejet vertical. Les chaînons ont disparu, et sont remplacés par des gradins de failles. Une Côte ayant valeur d'abrupt de faille domine systématiquement la plaine bressane. Cette morphologie va influencer la disposition du vignoble : il sera souvent restreint au talus de pied de Côte. Le changement structural s'effectue au passage de la Dheune axée sur la bordure tectonique septentrionale du fossé de Blanzy. Les plateaux situés à l'ouest d'une ligne Dijon-Chagny forment deux gradins tectoniques.
À l'ouest, le compartiment de “La Montagne” est le plus élevé (600 m) ; il est structurellement abaissé par rapport au Morvan et à la dépression marneuse liasique périphérique.
À l'est, le compartiment de “l'Arrière-Côte” (400 m) est à son tour effondré par rapport au précédent. Sur la transversale de St-Romain-Meursault, les rejets verticaux sont de 120 m et 300 m. Le rejet de la bordure du fossé est plus difficile à apprécier. Cependant, à Meursault, les calcaires à faciès Rauracien, qui ont leur toit à 400 m sur le rebord du plateau, sont abaissés à 200 m dans le village. Encore ne s'agit-il que de l'une des fractures de bordures. Mais le rejet total peut atteindre sous la Bresse 1 700 m.
La tranche du plateau occidental qui constitue la “Côte” peut être subdivisée en trois parties du sud au nord : la “Côte De Beaune”, la “Côte des Pierres”, la “Côte De Nuits”. Aux processus qui interviennent normalement dans la formation des sols de pente : altération de la roche mère, érosion, culluvionnement, dépôt d'éboulis, s'ajoutent les perturbations liées à l'action de l'homme : défrichement, défoncement, remontées de terre, apports allochtones.
Il en résulte une grande variabilité des caractéristiques telles que profondeur, pierrosité, texture. L'implantation du vignoble répond à une nécessité d'ensoleillement maximum qui se trouve réalisée sur ce versant de direction générale N.N.E. - S.S.W. Quant à sa position sur le versant, elle s'échelonne souvent entre 220 et 320 m, parfois 370 m.
Le cru se définit comme un produit émanant du sol, caractérisé par un bouquet original se maintenant à travers les vicissitudes climatiques. Au début du xviie siècle, la différenciation des vins est liée, non plus à la seule personnalité des propriétaires, princes ou moines, mais à l'origine géographique : c'est ainsi que les meilleurs vins étaient localisés près de Beaune en vue d'une consommation rapide et de Nuits pour leur aptitude à la garde. La notion de “climat” apparaît au milieu du xviiie siècle.
À l'origine du cru se trouve l'association d'un sol, d'un micro-climat et d'une plante qui définissent des facteurs naturels. La pierrosité (pourcentage de cailloux et graviers) donne lieu à des observations de même type : très faible pour les appellations Bourgogne, elle présente deux phases distinctes pour les Grands crus : 10 à 20 % par exemple à Corton et autour d'une moyenne de 35 % pour les autres. Le calcaire est toujours en quantité très faible dans les appellations Bourgogne, avec une exception pour un profil sableux, et présente deux phases pour les Grands crus : 40 à 50 % essentiellement pour Corton, 10 à 20 % pour les autres. Ce sont les sols bruns ou bruns calcaires hydromorphes sur argiles ou cailloutis plio-quaternaires pour les appellations Bourgogne, les sols bruns calcaires sur marne ou calcaire marneux pour une partie des Grands crus, les rendzines sur calcaires fissurés pour les autres. Dans la grande majorité, les profils en appellation “Grands crus” et “Premiers crus” se situent dans les unités de sols de versant sur matériaux en place.
Les appellations de Bourgogne
- L'appellation régionale ou générale
Tous les vins de la Bourgogne viticole : Bourgogne, blanc, rouge, rosé.
Bourgogne Passetoutgrain, rouge et rosé.
Bourgogne Aligoté, blanc, issu essentiellement du cépage aligoté.
Bourgogne Grand Ordinaire, rouge, rosé et blanc.
Ces vins peuvent être produits sur les quatre départements qui forment le territoire de la Bourgogne viticole.
- L'appellation Village
Les vins produits par certaines localités peuvent être vendus sous le nom du village producteur (Vougeot, Vosne-Romanée…).
- L'appellation Village plus le nom du climat ou lieu-dit (il en existe quelque 419)
- Les Grands crus
Certains climats bénéficient d'une appellation à part entière. Exemple : La Grand'Rue.
La Bourgogne à table
- Auxey-Duresses. Si le blanc est parfait avec les poissons de rivière ou une volaille, le rouge, riche, bouqueté, tout en bouche, s'accorde bien à la plupart des viandes rouges ou aux gibiers.
- Chablis. Ampleur, suavité, vivacité et persistance aromatique pour ces crus de Chablis, à déguster sur des poissons de rivière, des langoustines flambées ou une Côte de porc charcutière.
- Chambolle-Musigny. Charme, puissance, finesse, couleur et concentration aromatique prédominent. Idéal sur un dindonneau à la broche ou une bécasse.
- Puligny-Montrachet et Chassagne-Montrachet. Bouquetés, secs et suaves à la fois, de beaux vins tout en persistance aromatique, pour les poissons et les viandes blanches cuisinées.
- Corton-Charlemagne. Il se savoure avec un turbot poché, un veau Orloff ou une dinde aux marrons, un foie gras au naturel ou du caviar.
- Côte-de-Beaune et Hautes-Côtes-de-Beaune. bouquet et souplesse en bouche en font un rouge à boire sur un poulet rôti ou un jambon, du rosbif froid et un saint-nectaire.
- Fixin. Solide et coloré, un Fixin se goûte fort bien avec une palombe, un coq au vin, voire un curry de mouton.
- Mâcon. Une escalope (ou une langue) de veau et des poissons grillés pour le blanc, le gibier à plume pour le rouge qui s'accorde également avec une raclette.
- Mercurey. Le rouge, ferme et fruité, d'excellente évolution, se goûte avec des beignets d'aubergines, une perdrix au chou ou un reblochon.
- Meursault. Riche, parfumé, suave en bouche, un Meursault jeune se boit avec des ris de veau ou une dinde aux marrons. À maturité, il lui faut une blanquette de veau, des morilles à la crème ou des quenelles de brochet.
- Nuits-Saint-Georges. Alliant charpente et finesse aromatique, ces vins s'accommodent d'un ragoût d'agneau, d'un civet de lapin, de grives ou d'un bourguignon.
- Pommard. Solide et coloré, un grand Pommard se savoure sur des mets subtils et puissants à la fois, comme une palombe, une poule au pot, les viandes en sauce et le gibier.
- Pouilly-Fuissé. Idéal sur un saumon grillé, des ris de veau, une poularde en croûte de sel ou des quenelles de brochet.
- Rully. Le rouge s'accorde bien avec un jambon de sanglier, un canard farci ou le gibier. Le blanc avec tous les poissons.
- Santenay. Sa structure lui permet de se marier avec la plupart des gibiers et les ragoûts (daubes). Idéal dans sa jeunesse avec une épaule d'agneau boulangère.
- Vosne-Romanée. Concentration aromatique et velouté demandent un pintadeau en sauce, un poulet sauté aux morilles ou un râble de lièvre.
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